Dans Romana’s Pilates, « Romana’s » est important
En tant que professeure certifiée Romana’s Pilates, je constate autour de moi un engouement de plus en plus fort pour cette discipline. Comme de nombreux domaines, le succès attire également certaines personnes indélicates, dont les agissements peuvent parfois mettre en péril l’image et l’activité des professionnels compétents. Il y a pourtant des indices qui permettent de distinguer les professeurs spécialisés des opportunistes qui sautent dans le train en marche.
Les bienfaits du Pilates étant désormais reconnus par de plus en plus de professionnels de Santé et de pratiquants, ceux-ci deviennent plus curieux des différences qui existent entre les différentes méthodes : Romana’s Pilates (celle que j’enseigne), PMA, Stott, BBU.
Avec le succès vient également le temps des abus, et c’est sur certains des plus caricaturaux que je souhaite attirer votre attention aujourd’hui. Si les cours de Pilates sont des moments dédiés au bien-être et à la détente, il n’est reste pas moins que certaines approximations peuvent avoir des conséquences, parfois graves, sur la qualité de vie des élèves.
N’étant par définition pas objective sur cette question, je ne me permettrais pas de juger de la pertinence de telle ou telle méthode. Je peux cependant souligner ce que sont d’après moi les points forts de la méthode que j’enseigne :
– progressivité : dans un cours de Pilates, les différents exercices sont proposés dans un ordre précis. Ce n’est pas un hasard si un professeur certifié Romana’s Pilates propose les « hundreds » pour commencer : c’est parce que cet exercice permet de s’échauffer et d’éviter de trop forcer lorsque les muscles ne sont pas encore chauds.
– adaptabilité : pour chaque exercice, des modifications permettent d’ajuster le mouvement et les contraintes aux capacités physiques ou aux faiblesses des élèves. Qu’il s’agisse de protéger le dos ou de concentrer le travail sur une partie précise du corps, chaque exercice comporte de nombreuses variations, et c’est notamment sur la connaissance et l’utilisation judicieuse de ces modifications que portent l’enseignement et les évaluations pour être certifié Romana’s Pilates.
– écoute : le déroulement d’un cours selon la méthode Romana’s Pilates débute toujours par un questionnement concernant l’état physique des élèves. Les contraintes de la vie quotidienne ou l’évolution d’une pathologie ne sont pas linéaires et un élève en pleine forme pour le cours privé du mardi peut présenter des douleurs pour le cours collectif du vendredi. Un professeur de Pilates certifié Romana’s se doit d’être à l’écoute de ce que ses élèves disent de vive voix, mais également de ce que les corps montrent : une hésitation, une légère modification instinctive d’un mouvement auparavant parfaitement réalisé révèlent des gènes ou des douleurs dont il faut tenir compte.
Plutôt que des anciens contre les modernes, parlons des qualifiés contre les opportunistes
La méthode Romana’s Pilates est parfois présentée par ses pratiquants comme la plus fidèle aux principes édictés par Joseph Hubertus Pilates. Dans les débats qui agitent parfois le petit monde du Pilates, il y a deux camps : les classiques et les modernes. Les premiers ne jurent que par l’enseignement du créateur de la méthode, les seconds mettent en avant leur soucis d’intégrer dans leurs pratiques les dernières avancées technologiques.
Il ne m’appartient pas de trancher cette question, d’autant que j’appartiens à l’un de ces deux camps. Je suis persuadée que certaines méthodes plus récentes sont tout à fait pertinentes et qu’elles comptent des professeurs talentueux autant que des élèves satisfaits. Je sais également que certains professeurs de la méthode originale ne sont pas toujours autant à l’écoute qu’il conviendrait.
Il n’empêche que, le succès aidant, les cours et apprentissages approximatifs semblent aujourd’hui se multiplier. Par des élèves qui rejoignent mes cours, j’apprends par exemple que certains professeurs ne tiennent pas compte de la progressivité des exercices et débutent les cours par le « corkscrew », exercice assez ardu et totalement déconseillé tant que les muscles ne sont pas chauds.
J’ai également appris avec une certaine colère que des pseudo-professeurs de Pilates se permettaient d’afficher une spécialisation Romana’s Pilates après seulement quelques cours pris avec un professeur certifié.
La véritable distinction entre un professeur capable de vous accompagner efficacement n’est d’après moi pas la méthode qu’il aura choisi d’apprendre et d’enseigner, mais bien la réalité de la formation qu’il aura choisi de suivre pour devenir professeur. Les formations certifiantes nécessitent d’importants investissements, notamment en temps, mais sont également gages de qualité et de sécurité. Le Pilates étant désormais bien implanté dans le paysage des pratiques sportives et bien-être, il n’est malheureusement pas étonnant que des abus apparaissent, bien souvent du fait de « professionnels » opportunistes qui tentent ainsi de capter un public insuffisamment informé des particularités de cette discipline.
La certification : le minimum à exiger de votre professeur de Pilates
Au-delà de l’hommage implicite aux qualités des méthodes reconnues, ces tromperies peuvent potentiellement être dangereuses pour les élèves dupés : la formation Romana’s Pilates repose notamment sur une maîtrise de l’anatomie. La méconnaissance de certains principes anatomiques empêche par exemple le professeur de proposer les modifications et aménagements qui permettent de réaliser certains exercices en toute sécurité.
Il n’est pas question pour moi de dénigrer les différentes méthodes pour encenser celle que j’enseigne. Il me semble toutefois logique de considérer que les variations modernes ne devraient pas s’émanciper des connaissances des anciens. Leurs offres devraient s’ajouter à celles des méthodes classiques, et non pas les ignorer. Et surtout, vous, élèves, êtes en droit d’attendre de vos professeurs les justificatifs relatifs à leurs formations et à leurs compétences. Par exemple, un professeur certifié Romana’s Pilates a l’obligation d’afficher le certificat qui prouve l’obtention du droit à enseigner.
Cette certification s’ajoute aux diplômes exigés par l’Etat pour enseigner la méthode Pilates : BE d’enseignement sportif ou DE d’enseignement de la danse. Un professeur qui ne peut se prévaloir que de l’un de ces deux diplômes n’a ainsi pas bénéficié d’une formation spécifique au Pilates. Et s’il prétend enseigner le Pilates, il le propose parce que c’est à la mode, au même titre que le yoga bière. Mon propos n’est encore une fois pas de dénigrer des pratiques que je connais peu, mais bien de souligner qu’il existe pour le Pilates un référentiel qui vous permet de disposer d’assurances quant à la qualité des professeurs et de leurs enseignements.
Autant l’utiliser !
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